Breaking News

Le Cameroun, un potentiel agricole encore sous-exploité

Cameroun

Le Cameroun est souvent surnommé “l’Afrique en miniature” en raison de sa diversité géographique et climatique, qui lui confère une richesse exceptionnelle en termes de ressources naturelles. Parmi ces ressources, l’agriculture occupe une place de choix, puisqu’elle représente environ 20% du produit intérieur brut (PIB) et emploie près de 70% de la population active. Toutefois, cette niche importante demeure encore très peu exploitée et le pays reste dépendant des denrées importées telles que le riz et la farine de blé comme en témoignent les récentes actualités au Cameroun. 

Les difficultés auxquelles fait face l’agriculture camerounaise 

 

Le Cameroun dispose en effet d’un potentiel agricole considérable, avec une superficie cultivable estimée à 9 millions d’hectares, soit environ 40% du territoire national. Le pays produit une grande variété de cultures, tant vivrières qu’industrielles ou d’exportation, telles que le cacao, le café, le coton, l’huile de palme, la banane, l’ananas, le maïs, le manioc, la patate douce, le sorgho, le riz, le blé ou encore les légumineuses. L’agriculture camerounaise souffre de nombreux problèmes qui entravent son développement et sa compétitivité. 

Selon la Banque mondiale, le rendement moyen des cultures au Cameroun est inférieur à celui des autres pays d’Afrique subsaharienne. Par exemple, le rendement du maïs est de 1,6 tonne par hectare au Cameroun, contre 2 tonnes en moyenne en Afrique subsaharienne. Le rendement du riz est de 1,8 tonne par hectare au Cameroun, contre 2,4 tonnes en moyenne en Afrique subsaharienne. Le rendement du coton est de 0,8 tonne par hectare au Cameroun, contre 1 tonne en moyenne en Afrique subsaharienne. Ce faible niveau de productivité s’explique par plusieurs facteurs, tels que le manque d’accès aux intrants modernes (engrais, semences améliorées, pesticides), le recours à des pratiques agricoles traditionnelles et peu intensives (culture sur brûlis, faible mécanisation), la faible utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), ou encore le manque de formation et d’encadrement des agriculteurs.

 

La dépendance à l’importation n’est pas en reste. Face à la demande croissante des consommateurs urbains et à la stagnation de la production locale, le Cameroun doit recourir massivement à l’importation pour satisfaire ses besoins alimentaires. Selon les données du ministère du Commerce, le Cameroun a importé en 2020 près de 900 000 tonnes de riz (principalement d’Asie), pour une valeur de 150 milliards de francs CFA. Le pays a également importé près de 860 000 tonnes de blé (principalement d’Europe), pour une valeur de 100 milliards de francs CFA. Ces importations représentent une charge importante pour la balance commerciale du pays et exposent les consommateurs aux fluctuations des prix internationaux.

En outre, le déficit infrastructurel est l’un des principaux défis auxquels fait face l’agriculture camerounaise est le manque d’infrastructures adaptées pour assurer le transport, la conservation et la transformation des produits agricoles. Selon la Banque africaine de développement, le Cameroun dispose d’un réseau routier de 78 000 kilomètres, dont seulement 10% sont bitumés. Les routes sont souvent en mauvais état et insuffisantes pour desservir les zones rurales où se concentre la production agricole. Par ailleurs, le pays manque d’entrepôts frigorifiques et de chambres froides pour stocker les produits périssables et éviter les pertes post-récoltes. Enfin, le secteur agro-industriel est peu développé et ne permet pas de valoriser les produits locaux et de créer de la valeur ajoutée.

 

Comment sortir l’agriculture camerounaise de l’ornière 

 

Pour relever le secteur agricole, le gouvernement camerounais a élaboré plusieurs stratégies et programmes visant à promouvoir le développement du secteur agricole comme la stratégie de développement (SND) 2020-2030, qui vise à faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035. L’un des axes stratégiques de ce plan est de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, en augmentant la production agricole, en réduisant la dépendance aux importations, en améliorant la qualité et la diversité des produits, et en favorisant l’accès des populations vulnérables à une alimentation saine et équilibrée.

Il existe par ailleurs, le Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. C’est le cadre opérationnel du PND pour le secteur agricole. Ce programme vise à mobiliser 6 000 milliards de francs CFA sur dix ans pour financer des projets structurants dans les domaines de la production, de la transformation, de la commercialisation et de la gouvernance agricoles. Il cible notamment les filières prioritaires que sont le riz, le maïs, le manioc, le cacao, le café, le coton, l’huile de palme, la banane, l’ananas, les légumineuses, l’élevage et la pêche.

 

Un programme d’appui à la production agricole au Camerou  cofinancé par la Banque africaine de développement (BAD) à hauteur de 100 millions d’euros, vient s’ajouter à ces actions. Ce programme vise à accroître la productivité et la compétitivité des filières agricoles porteuses, en améliorant l’accès des agriculteurs aux intrants, aux équipements, aux infrastructures, aux services financiers et aux marchés. Il cible notamment les filières du riz, du maïs, du manioc, du sorgho et du blé.

 

L’autosuffisance alimentaire comme objectif final 

 

Ces initiatives témoignent de la volonté du Cameroun de valoriser son potentiel agricole et de relever les défis auxquels il fait face. Toutefois, leur mise en œuvre nécessite une coordination efficace entre les différents acteurs impliqués (ministères, partenaires techniques et financiers, organisations paysannes, secteur privé), ainsi qu’un suivi-évaluation rigoureux des résultats obtenus. Par ailleurs, il est indispensable de renforcer le dialogue politique et social autour des enjeux agricoles, afin de garantir une appropriation nationale des stratégies et des programmes définis. Enfin, il est essentiel de prendre en compte les dimensions environnementales et sociales du développement agricole, en veillant à préserver les ressources naturelles, à lutter contre le changement climatique, à promouvoir l’agroécologie et à assurer une répartition équitable des bénéfices entre les différents acteurs.

Le Cameroun dispose d’un potentiel agricole sous-exploité qui pourrait lui permettre de renforcer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle, de diversifier son économie et de réduire sa pauvreté. Pour ce faire, il doit mettre en œuvre des politiques publiques ambitieuses et cohérentes, qui visent à moderniser son agriculture, à accroître sa productivité et sa compétitivité, à développer ses filières porteuses et à valoriser ses produits locaux. Il doit également s’inscrire dans une démarche participative et durable, qui implique tous les acteurs concernés et qui respecte l’environnement et les droits humains.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *