
Se lancer en tant que kinésithérapeute libéral représente une étape majeure dans la vie professionnelle. Si l’indépendance séduit par la liberté qu’elle offre, elle s’accompagne aussi de nombreuses démarches, parfois complexes, qu’il est essentiel d’anticiper. Entre obligations réglementaires, choix du statut, démarches administratives, affiliation aux organismes de santé et structuration de l’activité, bien démarrer en libéral, c’est poser des bases solides pour exercer sereinement et durablement.
1. Obtenir les autorisations d’exercice et s’inscrire aux instances réglementaires
Avant tout, le kinésithérapeute doit s’assurer d’être diplômé d’État et inscrit à l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, condition obligatoire pour pouvoir exercer. Cette inscription garantit le respect de la déontologie et permet d’obtenir un numéro RPPS, identifiant unique du professionnel de santé.
Ensuite, une demande d’enregistrement de l’activité doit être adressée à l’Agence Régionale de Santé (ARS) de la région où l’on s’installe. Cette démarche permet de déclarer officiellement son exercice en libéral et d’être intégré dans les bases de données régionales de santé.
2. Choisir le bon statut juridique et fiscal
Le choix du statut juridique est une étape cruciale. Le kiné peut exercer en nom propre (entreprise individuelle), sous le régime micro-BNC ou déclaration contrôlée, ou opter pour la création d’une société (SELARL, SELAS, etc.) s’il souhaite s’associer ou optimiser sa fiscalité à terme.
Le régime micro-BNC, simple à mettre en œuvre, est adapté aux débuts d’activité avec un chiffre d’affaires modéré, mais il ne permet pas de déduire les charges réelles. Le régime de la déclaration contrôlée, plus précis, offre plus de possibilités d’optimisation mais demande une comptabilité complète. C’est ici qu’un expert comptable kinésithérapeute spécialisé peut intervenir pour conseiller selon les revenus prévisionnels, les charges attendues et les objectifs professionnels.
3. S’enregistrer auprès des organismes sociaux et fiscaux
L’activité libérale doit être déclarée auprès de l’URSSAF via le portail officiel des formalités (guichet unique). Cette déclaration permet d’obtenir un numéro SIRET et entraîne l’affiliation automatique à la Caisse Autonome de Retraite des Masseurs-Kinésithérapeutes (CARPIMKO).
En parallèle, il faut se faire connaître de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) pour pouvoir facturer les soins remboursés et obtenir une carte CPS (Carte de Professionnel de Santé) permettant d’utiliser les téléservices et de télétransmettre les feuilles de soins.
Enfin, il est fortement recommandé (voire nécessaire dans certains cas) d’adhérer à une Association de Gestion Agréée (AGA) pour éviter une majoration de 10 % de son revenu imposable, notamment si l’on opte pour la déclaration contrôlée.
4. S’équiper et organiser son cadre d’exercice
Que le kinésithérapeute s’installe seul, en cabinet de groupe ou en maison de santé, il devra s’équiper de matériel professionnel (tables de massage, outils de rééducation, logiciels de facturation, etc.) et respecter les normes d’accessibilité, d’hygiène et de sécurité propres aux établissements recevant du public (ERP).
Il faudra également choisir un logiciel de gestion adapté à l’activité libérale, permettant de télétransmettre les soins, gérer les rendez-vous, suivre la facturation et les encaissements, tout en respectant la réglementation RGPD sur les données de santé.
5. Se faire accompagner et anticiper la gestion comptable
La gestion financière fait souvent partie des angles morts dans les débuts d’une activité libérale. Pourtant, mettre en place un suivi comptable rigoureux dès le départ est essentiel pour ne pas se laisser dépasser. Faire appel à un expert-comptable spécialisé permet de gagner du temps, d’éviter les erreurs et de mieux piloter son activité dès les premiers mois.
C’est aussi le bon moment pour penser à la protection sociale du professionnel : prévoyance, mutuelle, retraite complémentaire, assurance responsabilité civile professionnelle, etc. Tous ces aspects doivent être anticipés pour se protéger soi-même et assurer la continuité de l’activité en cas d’imprévu.
Conclusion : un démarrage structuré pour une activité pérenne
Démarrer une activité de kinésithérapeute en libéral est un projet enthousiasmant mais exigeant. Il ne suffit pas d’être un bon praticien : il faut aussi devenir un gestionnaire averti. En respectant les étapes administratives, en choisissant le bon statut, en anticipant la gestion comptable et en s’entourant des bons partenaires (notamment un expert-comptable et éventuellement un avocat ou un conseiller en protection sociale), le professionnel se donne toutes les chances de réussir son installation. Un démarrage bien structuré, c’est la clé pour exercer en toute sérénité… et poser les bases d’une activité épanouissante et durable.